Hommage à Monsieur Simon NORA, ami d'épreuves
Une fiche wikipédia ou une notice who's who suffisent à présenter la carrière et le superbe parcours de Monsieur Simon Nora.
Ce fut un haut fonctionnaire remarquable qui sut servir avec attention et pertinence son pays depuis les ministères Mendès-France aux années Chaban-Delmas de la " Nouvelle Société".
Pour ma part, comme beaucoup, je l'ai découvert par deux écrits de haute tenue : ses rapports relatifs aux entreprises publiques et celui relatif à l'informatisation de la société française.
Admis en 1982 à l'Ecole Nationale d'Administration, j'ai de facto fais connaissance avec le Directeur qu'il était alors.
Exigeant mais humain, strict mais lucide, attentif mais fidèle à sa feuille de route sont les points saillants qui ressortent de son action.
Je crois pouvoir dire qu'il était très largement apprécié.
Pour ma part, son intelligence malicieuse et sa capacité à voir un coup plus loin me fascinait. Je garde en mémoire son talent lorsque l'E.N.A avait reçu le Président Badinter ou dans un autre genre le Président Olivier Guichard, un des piliers de l'aménagement du territoire.
Le 13 Septembre 1984 fut la date où un aléa sévère de santé survenu sur voie publique allait modifier le cours de ma vie. Alerté par les services de Police-Secours, le Directeur Nora eut le tact de savoir prévenir ma famille et eut surtout les meilleurs réflexes possibles dans ses discussions avec le corps médical.
Il est médicalement avéré que sans lui, de mauvaises décisions auraient été prises : de celles qui vous laissent des séquelles.
En conscience, je considère devoir la vie à mon camarade d'école Nora qui n'a jamais voulu le reconnaître tout en acceptant de convenir qu'il m'avait un peu "aidé". (sic).
Chacun comprend donc l'intensité de cet hommage écrit à l'intention d'un homme qui fut ma bouée de survie il y a très exactement 30 ans.
Après mon départ volontaire du Service public, nous nous sommes recroisés alors qu'il était banquier d'affaires. Nos échanges n'ont jamais été frappés de banalité et – à une ou deux exceptions près – nous nous sommes toujours mutuellement appelés Monsieur.
Ce vocable Monsieur était une marque d'affection car il savait l'épreuve qu'avait été 1984 et il était physiquement heureux de ma rémission.
Cet homme m'a toujours conseillé de suivre les chemins de ma créativité et de ma liberté : il savait que les hochets du pouvoir n'étaient guère mon affaire par rapport aux mondes des idées et de l'influence.
Lorsqu'il nous a quittés, j'ai bien évidemment pris le soin d'écrire une lettre personnelle à son épouse. Celle-ci, cette dame, a souhaité me répondre par une longue missive.
Parfois, je la relis et suis submergé par l'émotion car si l'estimé Simon Nora m'a évité le pire, sa brillante épouse a su trouver des mots complémentaires et rares à ce que fut l'action de feu son époux.
Puissent les forces de l'Esprit évoqués par un élu de la Nièvre me permettre un jour, le moment venu, de remercier Monsieur Simon Nora à qui je dois déjà trente ans de vie.
" La tragédie de la mort est en ceci qu'elle transforme la vie en destin " a écrit André Malraux.
C'est exact pour l'ami Nora.
Quant à mon cas, il est simple à paraphraser : l'épreuve incontestable de 1984 fut une tragédie qui a transformé le destin qu'aurait pu rencontrer, normalement, ma vie.
à notre Directeur et à Monsieur Simon Nora, avec l'expression de mon respect intellectuel et charnel.
Rédigé le 22 septembre 2012.
Mis en ligne le 11 octobre 2014.
Jean-Yves ARCHER
Ancien élève de l'ENA
Démissionnaire du Service public
Economiste et chef d'entreprise
Républicain.